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    Un millier de jouets choisis sont exposés aux galeries du grand palais à paris.
    Une exposition unique du genre pour raconter le monde du jouet, son histoire et son statut dans la société occidentale depuis l'antiquité.

    Porteur de maints messages, offert ou créé par et pour soi-même , le jouet n'est jamais un objet ordinaire.

    Trois choses ont retenu mon attention au cours de cette visite :

         D'abord les tranches d'âge fréquentant cette manifestation. Se sont en majorité des séniors et des tout-petits. Les premiers, sans nul doute,  par nostalgie . Les seconds, c'est-à-dire les bambins, tout naturellement pour leur âge .
    Les autres visiteurs, d'âge intermédiaire, ne semblent être là qu'en tant qu'accompagnateurs des uns et/ou des autres .

         Ensuite, en plus du bonheur d'avoir retrouver le légendaire générique de la série "Thierry-la-fronde", mon attention est porté sur quelques jouets que mon paternel, travailleur immigré, me ramenait  de France en venant passer ses vacances en Kabylie.
    Ces jouets-là me rappelèrent encore d'autres, ici absents. Ces derniers ne sont pas concernés par cette exposition. Pas plus par une autre ailleurs . Et, à ma connaissance, ils ne sont répertoriés dans aucun manuel, ni site internet.
    Quelques uns de ces jouets ont pour noms :

    - Thakarust n’ les roulement: Planches de bois posée sur 03 pièces de roulements mécaniques. Des pédales de guidage sont placées à l'avant mais .... pas de frein . Mi-luge, mi-skateboard   dont il serait un digne ancêtre penserait-on.

    - Thakarust ughanim: Un roseau sec et mûr, du fil de fer de différents calibres et la voiture la
      plus utilisée de ma génération est là. Et, bien sûr ce n'est pas tout , à sa guise, on y rajoute
      d'autres options et même de l'éclairage .

    - Thazefzafth: Une boite en plastic soigneusement découpée et arrondie.
      En suite on y fait des incisions pour en faire des hélices. Le tout placé au bout d'un essieu de
      bois ou un roseau qu’on dirige soit face au vent ou en courant. Le vent et la vitesse, ce n'est
      pas ce qui manque en montagne.

    - El bétsia : La toupie, tout simplement .
      A la différence que el-betsia on la fabrique, la toupie on l'achète.
      Il est à noter que même quand on a de quoi acheter une toupie le mieux c'était d'y renoncer
      et de la sculpter soi-même pour éviter le ridicule et les humiliations des autres enfants.
      Hé oui, en Kabylie on est machos même à cet âge-là !

    - Aceryul : Le cerceau. Ce pouvait être une jante de vélo débarrassée de ses rayons ou
      encore du rond-à-béton en forme de cercle qu'on pousse avec une tige en métal dont le bout
      est en forme de "U" .

    - Thighunam : Quatre ou cinq buchettes de roseau ou de bois, découpées à 15 ou 20
      centimètres et soigneusement lissées. C'est le seul jeu que je connaisse qui ressemble à
      un peu à Alqaffèn ou "le jeu d'osselets" cher à nos congénères .

    - Alqafen et le jeu d'osselets : Jeu pratiqué généralement par les filles.
      Le mouton de l'Aïd c'était aussi la meilleur occasion de l'année pour les filles de se procurer
      les osselets et pour les garçons les vessies qui serviront de ballons (thamboult).

    - Etc.

    Je peine à les nommer "jouets".
    Car, en réalité, quelques uns étaient des œuvres d'art à part entière.
    Fabriqués par nos petites main ingénieuses, avec des matériaux de fortune (roseau, fil de fer, bois, divers ...), chacun de ces jouets était une œuvre unique, propre à être exposée dans une  galerie ou un musée.

           Il y a, enfin, cette dernière salle obscure où se projette, en boucle, une séquence de près de deux minutes du grand film "Citizen Kane" du non moins grand Orson Wells.
    Dans cet extrait on y voit une luge et d'autres jouets entrain de brûler et, au loin, une cheminée en fumée.
    J'apprend par la suite qu'avant de rendre l'âme, sur son lit de mort, Kane, ce légendaire milliardaire et magnat de la presse, lâcha de sa main une boule de Noël et de sa bouche le mot "rosebud" (bouton de rose).
    Ses proches, après sa mort, avaient mis peu de temps  pour comprendre le sens de ses ultimes gestes :
    Rosebud est le nom de la luge qu'il a dû abandonner tout petit au moment où on le sépara de sa mère pour être adopté par un riche financier.
    Kane, dans son ultime souffle, n'a donc pas penser à ses châteaux, ni à ses musées, ni à ses proches ou à ses autres fortunes. Mais seulement à ce bout de bois qui symbolise son enfance, une simple luge qu'on jeta, inconsciemment, dans l'âtre d'une cheminée sans en connaitre l'importance qu'elle revêt aux yeux de Kane .

    Comme quoi, les souvenirs d'enfance ça vous suit jusqu'au dernier souffle.

    Comme pour compléter ma visite du grand palais, je fais accompagné ce petit récit de quelques dessins de jouets de mon enfance que j’ai essayé de reproduire de mémoire.

    Je range mes crayons. J’écoute Avridh n temzi .                                                                                                                                 

    thakarust u ghanim    

     

     

     

     

     

     

     

     

    Article et dessins de A. MESLI
     

     

    aceryul


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  • paix nocturne.copie
    -"paix nocturne" de Mesli  A.  Acrylique & encre de chine sur papier 120 g.
    (Offert à un enfant le 20 octobre 2010)

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    -A.Mesli.
     
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  • Tahar DJAOUT

    Tahar Djaout est né en 1954 à Oulkhou (Ighil Ibahriyen) près d'azefoun en Kabylie.
    En 1970 sa nouvelle Les insoumis reçoit une mention au Concours littéraire « Zone des tempêtes ». Il achève ses études l'année suivante au Lycée Okba d'Alger et obtient en 1974 une licence de mathématiques à l’Université d'alger.

    Tahar Djaout écrit ses premières critiques pour le quotidien El Moudjahid.
    Responsable de 1980 à 1984 de la rubrique culturelle de Algerie-Actualité, il y publie de nombreux articles sur les peintres et sculpteurs (baya,mohamed Khedda,Denis martinez, Hamid Tibouchi,Mohammed Demagh) comme sur les écrivains algériens de langue française dont les noms et les œuvres se trouvent alors occultés, notamment, Mouloud Ferraoun,Mouloud Mammerie,Mohammed Dib,Jean Amrouche, Rachid Bey,Jean Senac,Bachir Hadj Ali,Hamid Tibouchi,Mensour Boulennouar,Youcef Sebti, Kame Bencheikh,Abdelhamid Laghouati,Malek Alloula,Nabil Farès...

    En 1985 Tahar Djaout reçoit une bourse pour poursuivre à Paris des études en Sciences de l’information. De retour à Alger en 1987 il reprend sa collaboration avec "Algérie-Actualité". Alors qu'il continue de travailler à mieux faire connaître les artistes algériens ou d'origine algérienne (par exemple Med Aksouh, Choukri Meslmi, ...) les événements nationaux et internationaux le font bifurquer sur la voie des chroniques politiques.

    Il quitte en 1992 Algérie-Actualité pour fonder, avec quelques uns de ses anciens compagnons, notammen Arezki Metref et Abdelkrim Djaad, son propre hebdomadaire : le premier numéro de Ruptures dont il devient le directeur, paraît le16 janvier 1993.

    Victime d'un attentat islamiste, le 26 mai1993, alors que vient de paraître le n° 20 de son hebdomadaire et qu’il finalise le n° 22, Tahar Djaout meurt à Alger le 02 juin et repose dans son village natal d'Oulkhou en Kabylie.
     

    -Dessin de A.Mesli.

                                                        -Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Tahar_Djaout

     



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  • AIT-MENGUELLET A L’OLYMPIA :

    Texte et dessin de Ahmed Mesli.



    Une légende vivante


    Dimanche 26 octobre 2008, boulevard des capucines près de l’opéra. Temps agréable. Il est 13 h. La masse des inconditionnels de Lounis, venus voir leur idole à l’Olympia de paris, ne cesse de s’agrandir. Le concert va se dérouler à guichet fermé et beaucoup n’ont pas la chance ou le bon réflexe de réserver leur place au préalable. A l'heure même où devrait débuter le concert (14h30), l’entrée de l’Olympia est toujours noire de monde en quête d'une éventuelle place.

    Trop sollicités, les agents de sécurité et ceux de l’accueil sont quelque peu dépassés. Faute d’avoir le précieux billet qu’ils pensaient acquérir facilement au guichet, beaucoup brandissent alors pancartes et écriteaux en recherche d'un billet même à …. 150 Euro ! . Un groupe de jeunes suggèrent que Lounis et les organisateurs auraient dû penser à une programmation sur 2 voire 3 jours. Je les comprends.
    Sans doute à cause de l’affluence, le concert tant attendu ne commencera qu'à 15h15.

    Les musiciens rentrent sur scène, ils sont suivis du sage vêtu d'une chemise rouge.

    Comme de coutume, des deux mains il salut avec humilité le public qui se lève comme un seul homme pour accueillir le ciseleur du verbe du majestueux Djurdjura. Un sourire, quelques mots de bienvenue et une promesse de rattraper les quelques minutes de retard. Applaudissements et youyous interminables fusent alors des deux étages, puis....un silence religieux envahi la salle dès le premier son de la guitare qui annonce l'ouverture du récital par une partie de "thiragwa" (innaguen).
    La présence de Djafar aux commandes de l'orchestre et les six musiciens qui le compose est à saluer.

    Durant cette première partie du spectacle nous avons eu droit à plus d'une dizaine de chansons puisées, pour la plus grande part, de son répertoire d'avant 90 et plus particulièrement des albums thelt ayam et thiragwa. L’émotion était à son comble à l'écoute de cette voix magique qui rouvre, encore une fois, l'armoire où se trouve son journal de « thayri ».

    Après une courte pose, le gala reprend.

    En cette deuxième partie, notre barde et son orchestre semblent être stimulés. Le répertoire est, cette fois-ci, puisé des créations plus récentes de l'artiste. Ainsi se sont succédées « assegwas », « dda yidir », « ettes ettes », « wid yastufan » et « ardjuyi ».

    L’assistance en redemande. Le « fou d’Algérie », qui a su traduire nos peines, nos espoirs et mettre des mots sur nos ressentis les plus indescriptibles, enchaîne alors avec « ayavarwaq », « dhanouvak frah », « thajmilt », « al’mussiw » pour clore le gala avec le traditionnel « rruh, adhaqimey »

    S’il y a un reproche qu’on a l’habitude de faire à Lounis, c’est celui de composer des chansons qui ne sont pas toutes "accessibles" à une certaine catégorie de l'audimat. Surtout les jeunes. Je cite, pour exemple, la chanson « ayarrac nney, l'zzaier tsamurth-nney». Le refrain se veut comme un titre "accrocheur" et facile à comprendre (du moins dans sa forme).
    Le but, je pense, est de faciliter "l'accès" aux couplets qui, eux, sont fidèles aux autres compositions de notre poète, c'est-à-dire une poésie de haute facture qui exige un minimum de connaissance de la langue et, surtout, du bon sens.

    L'effort, donc, doit être fait aussi par nos jeunes pour pouvoir s'abreuver de cette source poétique limpide. Car on ne peut reprocher au poète de ne pas faire l'effort de devenir médiocre.
    Thaqvaylith est riche. Sa poésie doit l'être aussi.
    Bref, le gala de l'Olympia, outre sa richesse poétique et les retrouvailles, nous a permis aussi de mesurer la grande et fidèle popularité de Lounis Ait-Menguellet ainsi que la qualité de son public. Benmohammed et mohand-said Fellag, présents dans la salle, ne me contrediront sûrement pas.

    Au risque de paraître "fan" (fanatique), je considère non seulement comme un grand privilège d'être du même pays et culture que Lounis, mais, encore, une chance d'être son contemporain.

    Comme beaucoup dans cette salle, j'ai chanté "Louisa", "Djamila" et toutes les autres au coin du feu, sous le clair de lune, sur la neige, sous la pluie, ...

    Comme eux, j'ai ressenti le froid et la douleur des acteurs n'el ghorva n'45.
    J'ai même croisé cette vieille femme qui, traversant monts et vallées, allant d’un âarch à l’autre, demandait sans réel espoir "annidha thedjam 'mmi ?".
    J'ai pu rouvrir mon armoire et relu "thayri".
    J'ai écouté le "meddah" s'adresser en visionnaire à la foule dans un "souk".
    Je revois encore la silhouette de cette veuve de "amjjahed" tenant son enfant par la main et "Ammi" m'a permis de lire Machiavel dans ma belle langue.
    Bref, j'ai assisté et vu "thirragwa" creuser leurs cours jusque dans la roche et, comme beaucoup d'autres aujourd'hui dans cette salle, je pose les mêmes questions I wamghar.

    Merci Lounis.


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